Au fil du net

Il est bien plus beau de savoir quelque chose de tout que de savoir tout d’une chose. Pascal

Problématique

Depuis toujours, les hommes ont éprouvé le besoin de fêter un moment du calendrier (fête du retour du printemps, fête du solstice d’hiver, fête du Nouvel An...), une solennité religieuse (fête de la naissance du Christ, de la fin du Ramadan, Yom Kippour...), un événement historique ou social (fête de la prise de la Bastille, fête du travail en France, fête nationale en Allemagne, Independence Day aux États-Unis... ). Ils ont également organisé des fêtes pour des événements personnels, autour des anniversaires de la naissance, du mariage, de la mort, autour des rites de passage. Dans tous les cas, la fête est associée à une durée au cours de laquelle on rompt avec le quotidien et avec l’individualisme ou la solitude : on cesse de travailler, on change de vêtements, on se réunit, on mange, on danse, on assiste ou on participe à un spectacle, on décide d’être joyeux ensemble, de se souvenir et de se recueillir ensemble. La fête est alors vécue comme un temps de partage. Les hommes ont également exprimé dans la fête leurs angoisses (le soleil va-t-il revenir réchauffer la Terre ? cesse-t-on d’appartenir à la communauté lorsque l’on meurt ?), les conditions difficiles de leur existence (on ne s’arrête guère de travailler, sauf les jours de fêtes, jusqu’au XXème siècle), la nécessité de permettre une transgression pour mieux supporter les contraintes du quotidien (effacement ou inversion des identités sociales dans les Saturnales, dans le Carnaval), le besoin de s’inscrire dans des cycles et dans le temps (celui des saisons, celui de la naissance et de la mort). Les fêtes sont un héritage du passé. Peut-on penser qu’elles vont disparaître avec les changements culturels, économiques, sociaux, historiques de notre époque ? Les nouvelles fêtes (Fête des mères, Fête de la musique, Fête de l’internet...) ou les fêtes d’une communauté exportées vers d’autres (Fête d’Halloween) sont-elles signe de la vitalité du processus festif ou de son détournement (récupération économique, instrumentalisation politique) ? Les fêtes continuent-elle de cimenter les liens collectifs ou font-elles courir le risque d’atomiser les communautés?