Au fil du net

Il est bien plus beau de savoir quelque chose de tout que de savoir tout d’une chose. Pascal

Définition extraite du dictionnaire analogique de la langue française, éditions Larousse, 1980.


Rêve (de rêver ; en gr. oneiros)

Suite d’images qui se présentent à l’esprit pendant le sommeil. Un rêve agréable, désagréable. Songe (vx). / Un rêve pénible, angoissant. Cauchemar. / Cauchemarder. / Cauchemardesque ou cauchemardeux. RÊVER (faire des rêves). Rêver quelque chose. Rêver que. Voir en rêve, en dormant. / Rêver d’une personne, d’une chose (la voir en rêve).
Idées plus ou moins chimériques destinées à satisfaire un désir. Caresser un rêve. Poursuivre un rêve. Phantasme. Désir. / Un rêve fou, irréalisable. Chimère. Utopie. Château en Espagne. / C’est le rêve. C'est un rêve (fam.). Idéal. RÊVER. Rêver à quelque chose. Songer à. Penser à. / Rêver de (plus infinitif). Rêver d’une chose. Souhaiter ardemment (de). RÊVÉ. Idéal. Parfait. RÊVEUR. Utopiste. Songe-creux. Chimérique.
Relatif au rêve. Onirologie (étude des rêves). Onirologue. Oniromancie (divination par les rêves). Onirocritique (interprétation des rêves ; personnes qui interprètent les rêves). Onirisme (délire de rêve). Onirique.

Rêverie (de rêver)
État de l'esprit qui s’abandonne à des images vagues. Se laisser aller à la rêverie. Rêve. Songerie (vx ou litt.).
RÊVER. RÊVASSER (s’abandonner à la rêverie). Être distrait. Être dans la lune, dans les nuages.
RÊVEUR. Songeur. Romanesque. Imaginatif.
RÊVEUSEMENT. Distraitement.


Définition extraite du dictionnaire étymologique de la langue française, éditions Larousse, 1977.

Rêver, début XIIe siècle, « vagabonder » (jusqu’au XVe siècle). D'un ancien esver, vagabonder (cf. anc. fr. desver, perdre le sens ; voir ENDÊVER), du lat. aestuare, bouillonner, être agité ; ou d’un anc. gallo-roman esvo, vagabond, du bas latin exvagus, sur l’adj. lat. class. vagus, même sens. À signifier aussi « délivrer », jusqu’au XVIIe siècle, sens encore conservés dans le fr. de l’Ouest ; 1670, sens moderne.
Rêveries début XIIIe siècle, Chardry, « délire » ; 1580, Montaigne, sens moderne.
Rêveur vers 1265, Étienne Boileau, « vagabond » ; même évolution de sens.
Rêve 1680, Richelet.
Rêvasser 1490, Gaguin.
Rêvasseries 1550, Rabelais.
Rêvasseur 1736, Voltaire.
Rêvassier 1888, Alphonse Daudet.


Définition extraite du dictionnaire des synonymes de la langue française, éditions Larousse, 1977.

Rêver
1°- Quelqu’un… .
Cet élève passe son temps à rêver au lieu de travailler = rêvasser. Il rêve, comme d’habitude ! ; (Fam.) être dans la lune.
2°–
Que je te donne mille francs ? Non mais, tu rêves ! = ne pas songer à.
3°– Quelqu’un… quelque chose.
Vous avez rêvé cela, relisez ce que je vous ai écrit ! = imaginer, inventer.
4°– Quelqu’un… de.
Le couple rêvait d’une petite maison (on dit parfois : caresser le rêve de) ; souhaiter ; v. brûler de.
5°– Quelqu’un… à.
Laissez-moi un peu rêver à votre affaire (soutenu) ; (plus courant) songer.

Rêve
1°– L’enfant s’est réveillé, il faisait un mauvais rêve ; cauchemar.
2°–
Son rêve est d’être aviateur : v. ambition.
3°–
Ce ne sont que des rêves : v. illusion.

Rêveur (adjectif)
1°–
C’est un garçon à l’esprit rêveur ; (plus précis) romanesque se dit de celui qui imagine la vie comme dans les romans.
2°– Voir POÉTIQUE (in
poète).


Définitions extraites du dictionnaire de la langue française Lexis, éditions Larousse, 1984

Rêver v. intr. (anc. v. esver, gallo-romain esvo, vagabond, du bas lat. exvagus, class. vagus ; v. 1100, sens 2).
1°– (1670). [Sujet nom désignant une personne endormie] Faire des rêves :
Je n'ai fait que rêver toute la nuit.
2°– [Sujet nom désignant une personne éveillée] Laisser aller son imagination sur des choses vagues :
Au lieu d'écouter en classe, cet élève ne fait que rêver (syn. être distrait, rêvasser). « A quoi rêves-tu ? – Oh ! C'est vague ; quand on rêve, c'est vague » (Beauvoir). // On croit rêver, il me semble que je rêve, se disent pour exprimer une vive surprise.
3°– [Sujet nom de personnes]. Tenir des propos déraisonnables, extravagant :
Il me semble que vous rêvez quand vous parlez de paix universelle.

Verbe transitif
1°–
Rêver quelque chose (d'indéterminé), rêver que (et l'indicatif), voir en rêve : nous avons rêvé tous les deux la même chose. J'ai rêvé que nous partions en voyage.
2°- Désirer vivement (langue soignée) :
Rêver le pouvoir, la gloire la richesse. J'ai eu la plus belle jeunesse qu'on puisse rêver (Green).
3°– Imaginer des choses déraisonnables :
Les belles actions de Heyst, c’est Conrad qui les a rêvées (Duhamel). Je n'ai jamais dit cela, c'est vous qui l'avez rêvé (synonyme inventée, familier se mettre dans la tête).
4°–
Il ne rêve que plaies et bosses, se dit de quelqu'un qui est batailleur, querelleur.

Verbe transitif indirect
1°–
Rêver d'une personne, d'une chose, les voir en rêve : J’ai rêvé de vous cette nuit. Il y a quelques jours, j'ai rêvé d'un incendie.
2°–
Réver d'une chose, rêver de (+ inf.), souhaiter ardemment cette chose, souhaiter de : J'avais rêvé de charité plus spectaculaire (Beauvoir). À ton âge, je rêvais de faire la révolution, de libérer tous les travailleurs (Vaillant).
3°–
Rêver à quelque chose, y penser, y réfléchir : Il a longtemps rêvé à ce projet, à cette affaire (syn. SONGER) ; s'abandonner à la rêverie : Vous ne répondez pas à la question. A quoi rêvez-vous ?

Rêvé, e adj. (1839, « plein de rêverie » ; vers 1900). Qui convient tout à fait à quelqu'un ou quelque chose : Ne rien faire, voilà la vie rêvée ! C'est la solution rêvée (syn. IDÉAL).

Rêve n. m. (1674).
1°– Suite d'images qui se présentent à l'esprit pendant le sommeil :
Faire des rêves agréables, de beaux rêves. Le rêve et la réalisation d'un désir (Freud). Il dormit sans rêve (Yourcenar). Faire des rêves pénibles, angoissants (syn. CAUCHEMAR).
2°– Idée plus ou moins chimérique, destiné à satisfaire un désir :
Caresser un rêve. Pour tous le rêve existait, Madeleine Dietrich ou Mistinguett ; mais il restait le rêve (Malraux) Ses espoirs n’ont été que des rêves. Ce n’est pas facile de faire le départ entre une véritable possibilité un rêve (Beauvoir). Réaliser son rêve. // C’est un rêve, c'est une chose que l'on a peine à imaginer, qui ne peut se réaliser.
3°– Objet d'un désir :
Il a trouvé la maison de ses rêves.

Rêverie n. f. (vers 1100, sens class. ; 1580). État de l'esprit qui s’abandonne à des images vagues, sans chercher à en modifier le cours ; objet qui occupe alors l'esprit : Il est perdu dans de continuelles rêveries. La musique éveille toutes sortes de rêveries agréables (Taine).

Rêveur, rêveuse adj. et n.
1°– (vers 1600). Qui se laisse aller à la rêverie :
Une jeune fille rêveuse (syn. ROMANESQUE).
2°– Qui indique la rêverie : I
ls l'ont regardée, lui sérieusement, elle l'air rêveur (M. Duras).
3°– Familier cela me laisse rêveur, cela m'étonne profondément.

Rêveusement adj. (vers 1850).

Rêvasser v. intr. (1490). Se laisser aller à aller à la rêverie : Assis sur sa petite chaise, il rêvassait sans penser, tandis que la nuit tombait (Rolland).

Rêvasserie n. f. (vers 1550). N'y songeons plus, et trêve de rêvasseries (Daudet)

Rêvasseur, rêvasseuse adj. et n. (1736).

Classique et littéraire.
Rêver v. intr.
1°– avoir le délire :
Il s'est fait un transport au cerveau, voilà qui commence à rêver (Académie).
2°– Méditer profondément sur, penser à :
Quand sa mère l’embrassait, il acceptait froidement son étreinte, paraissant rêver à des choses profondes (Flaubert).

Rêver v. tr.
1°– songer à :
Allons sur le chevet rêver quelque moyen (Corneille).
2°– Voir en rêve :
Quel séraphin pensif te contait tout bas les amours qu'il rêvait (Musset).

Rêverie n. f.
1°– délire, folie :
Il n'a jamais de fièvre qui ne tombe en rêverie (Académie).
2°– Idée vaine et chimérique :
Les auteurs nous ont donné pour des vérités quantité de leurs rêveries (Furetière).
3°– Invention due à l'imagination, pensée :
J'occupe ma raison d'utiles rêveries (Boileau).
4°– Faire une rêverie, méditer, avoir une idée étrange :
J'ai fait depuis peu une rêverie sur un certain sujet ; mais je hais de la dire (Sévigné).

Rêveur n. m. Celui qui réfléchit, qui médite, savant, ou, péjor., extravagant, original : Il n'y a que les rêveurs qui réussissent à l'invention des machines, à la résolution des problèmes (Furetière).


Définitions extraites du dictionnaire de la langue française, Le petit Larousse illustré, éditions Larousse, 1908
Rêve n. m. Songe, ensemble d’idées et d’images qui se présentent à l’esprit durant le sommeil : les anciens croyaient à la signification prophétique des rêves. Fig. Imagination sans fondement, idées chimériques : les rêves d’un idéologue. Idée que l’on poursuit avec passion : des rêves de fortune.

Rêver v. n. Songer, faire des rêves : rêver de combats. Etre en délire : on rêve dans la fièvre. Dire des choses déraisonnables : vous rêvez, je crois. Méditer profondément : Archimède rêvait à un problème, quand il fut tué par un soldat romain. V. a. Voir en rêve : rêver un incendie. Imaginer : rêver un poème. Fig. Désirer vivement : rêver le pouvoir, les grandeurs.

Rêverie n. f. Etat de l’esprit occupé d’imaginations vagues : s’abandonner à la rêverie. Idée vaine, chimérique : les rêveries des astrologues.


Définitions extraites du dictionnaire de la langue française, Le petit Larousse illustré, éditions Larousse, 2008
Rêve n. m. (de rêver). 1°– Production psychique survenant pendant le sommeil et pouvant être partiellement mémorisée. 2°– Représentation, plus ou moins idéale ou chimérique, de ce que l'on veut réaliser, de ce qu’on désire. Accomplir un rêve de jeunesse.
De rêve : qui présente des qualités telles qu’on a peine à le croire réel ; irréel. Une créature de rêve.
Dans la pensée antique, soit on interprète le rêve comme un message divin à caractère prophétique, soit on lui cherche une explication physiologique (Platon, Aristote). Cette dernière se développe à l’âge classique (Descartes), mais dans la pensée d’inspiration sceptique (Montaigne, Pascal), le rêve devient un argument pour mettre en cause la fiabilité des perceptions. C’est Freud qui renouvelle l’interprétation des rêves en y discernant une expression indirecte de l’inconscient psychique. Chez les surréalistes, le rêve devient une thématique majeure de la littérature et de l’art.

Rêver (du lat. pop. exvagus, errant). 1°– Faire des rêves pendant son sommeil. Se souvenir d’avoir rêvé. 2°– Laisser aller sa pensée, son imagination ; rêvasser. Rester des heures à rêver. 3°– Concevoir, exprimer des choses déraisonnables, chimérique.
Québec.
Rêver en couleurs : faire des projets chimériques. V. tr. ind. (à, de).1°– Voir en rêve pendant la nuit. J’ai rêvé d’elle.2°– Désirer vivement, souhaiter. Rêver d’une vie meilleure. V. tr. 1°– Voir en rêve. J’ai rêvé que nous partions à l’étranger. 2°– Imaginer de toutes pièces. Ce n’est pas vrai, tu l’as rêvé.

Rêverie n. f. État de distraction pendant lequel l'activité mentale n’est plus dirigée par l’attention et s’abandonne à des souvenirs, des images vagues : objet qui occupe alors l’esprit.