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Il est bien plus beau de savoir quelque chose de tout que de savoir tout d’une chose. Pascal

Salvador DALI, Le Rêve


Pasted Graphic
Salvador Dali - Rêve causé par le vol d'une abeille (1931)

Ce tableau a été directement inspiré par le rêve fait par la femme de Dali.
Selon la théorie de Freud, les éléments extérieurs au rêve sont inconsciemment amplifiés. La jeune femme nue est Gala, la femme de Dali, elle est assoupie à côté d'une grenade (en bas à droite de la peinture), d'où semble sortir une abeille.
Le bas du tableau représente la partie "Réelle" du sujet de Dali.

D'après Sigmund Freud, le rêve joue le rôle de "Gardien du sommeil". Il transforme les éléments extérieurs qui semblent perturber le dormeur, en objets oniriques, factices, pour que le dormeur ne puisse pas se réveiller, pour qu'il continue à se reposer.
L'abeille qui vole à côté de Gala semble être un danger minime dans la réalité, mais dans son rêve, il est amplifié. De la grenade jaillit un poisson, du poisson sort un tigre, et du tigre sort un autre tigre menaçant lequel est précédé d'un fusil équipé d'une baïonnette, près à piquer le bras de la jeune femme.
La pointe de la baïonnette représente dans l'inconscient du rêveur le dard de la guêpe.
Il en est de même pour les deux tigres : leurs couleurs (jaune et blanc) et les rayures de leur pelage, font allusion au corps de la guêpe.
L'empilement des animaux, qui semblent de plus en plus agressifs, montrent qu'il y a sur la jeune femme une menace très forte.
Le fait qu'elle flotte à moitié, étendue sur un rocher perdu au milieu de l'océan, est peut être une référence au rêve. Les personne qui rêvent sont souvent représentées sur un nuage, ou comme le veut l'expression,
la tête dans les nuages. Le rocher accentue l'isolement et la détresse dans laquelle le rêveur doit se trouver.

En arrière-plan, est visible un "Eléphant-Girafe" (nom donné par Dali), qui n'est rien d'autre qu'une invention de l'auteur et qui ne fait pas partie du rêve initial, mais qui accentue la dimension onirique du tableau.


Pasted Graphic 1
Salvador Dali, Le rêve


Au premier plan, une femme en buste ferme les yeux. Sa bouche est remplacée par une multitude de fourmis. Ces insectes étaient pour Dali une source de grande phobie, car elles signifiaient la mort. En effet, lorsqu'il était petit, il a vu le cadavre d'un lézard se faire dévorer par une horde de fourmis, et ce souvenir l'a profondément marqué. Un grand nombre de ses oeuvres comportent d'ailleurs des fourmis. Dali était obsédé par la mort, pour exorciser cette peur, il peignait l'objet de sa phobie, comme pour exorciser le mal.
Le buste est entouré de "vagues" dont les formes molles et volatiles rappellent le mouvement des cheveux soulevés par le vent.

Le trait est précis ; la technique irréprochable. Les jeux de lumières mettent en valeur la partie sombre à droite d'où semble sortir le buste.

L'angle de vue du peintre est différent des représentations habituelles : On peut constater que le point de fuite de l'image se situe au milieu du tableau, mais sur le côté gauche. Un homme, assis sur ce qui semble être une console en pierre de balcon posée à l'envers, adopte la position du penseur de Rodin. Du sang coule de sa tête. A moins qu'il ne s'agisse de larmes.
Derrière lui, trois formes humaines décharnées s'appuie contre un grand mur rouge qui coupe l'espace du tableau.

Chaque personnage de ce tableau présente un handicap : la cécité et le mutisme du buste, la blessure physique ou mentale de l'homme, le rachitisme des trois personnages du fond.