Il est bien plus beau de savoir quelque chose de tout que de savoir tout d’une chose. Pascal
Marc CHAGALL, Le Rêve
Figure familière du bestiaire Chagallien, l’Âne est souvent le double de l’artiste, « choisi pour son caractère doux, patient, paisible ». On le retrouve dans de nombreux autoportrait souvent accompagné d’une figure féminine (Bella, son épouse et sa muse, décédée en 1944, puis Valentina Brodsky, dite Vava, épousée en 1952). Dans Le rêve (1927), il s’agit plutôt d’un drôle de lapin-âne.
Si certains y ont vu l’allégorie de la sexualité du peintre – une femme nue offerte sur le dos d’un lapin – voici l’interprétation qu’en donne le Musée d’Art Moderne de la Ville de Paris, où l’œuvre est conservée.
Marc Chagall, Le rêve, 1927, huile sur toile, 81x100cm,
Paris MAM – © ADAGP © Musée d’art Moderne / Roger-Viollet
« Le Rêve de Marc Chagall, artiste russe arrivé à Paris en 1909 et qui y restera jusqu’en 1914 puis de nouveau de 1923 à 1941, pour y demeurer après la guerre, est le seul tableau conservé au musée et provient de la donation Emmanuel Sarmiento en 1936. Cette oeuvre a été réalisée au moment où Ambroise Vollard lui commande des illustrations pour un livre sur le cirque, qui ne verra pas le jour. Dans un paysage aride et schématique. Trois arbres squelettiques, une barrière, un ciel et la lune, – est représenté un « lapin-âne » – (souvent surnommé le « lapin ») –, merveilleux et disproportionné qui emporte une femme, seins nus, renversée sur la croupe. Cela rappelle l’arc hystérique voire le tableau Nightmare de Füssli, ou encore l’enlèvement d’Europe si souvent représenté dans la peinture occidentale, et donnant au tableau une connotation clairement sexuelle. On peut aussi y voir une allusion au cirque où l’écuyère exécute une voltige.
Le titre Le Rêve qui montre que l’attraction terrestre n’a pas cours, pouvait attirer un temps les surréalistes, et tous ceux qui participaient de leur théorie. Mais Chagall a continue de faire voler ses personnages, dans un bonheur radieux au dessus de la ville (Au dessus de Vitebsk, par exemple) ou d’un paysage. La couleur contribue à l’évocation du rêve : l’âne est rouge-violet, le champ jaune, le ciel nocturne d’un bleu éblouissant. Ces couleurs vives et chatoyantes confèrent à donner ce caractère joyeux et onirique, caractéristique de l’œuvre de Chagall. »
Sources : Ecoloinfo.com